Avec un vaste campus de 7 hectares réunissant des infrastructures de formation, de recherche, un complexe sportif et une résidence des élèves, ENSTA Bretagne s’organise pour réduire ses consommations d’énergie. L’école a heureusement anticipé le sujet dans ses programmes pluriannuels immobiliers et son plan de réduction de l’impact environnemental. Et dans ce contexte d’inflation galopante des coûts de l’énergie, chaque geste supplémentaire compte.
Entretien avec Laurent Guillou, directeur de l’équipe technique qui met en œuvre la politique de rénovation énergétique du campus et participe à la lutte "anti-gaspi", une recherche permanente d’économies d'énergie, à la direction du patrimoine immobilier et de la logistique (DPL) d’ENSTA Bretagne, et le directeur général de l’école, Bruno Gruselle.
Quel est l’impact des hausses des coûts de l’énergie sur une grande école comme l’ENSTA Bretagne ?
Laurent Guillou :
« Le besoin en énergie du campus se répartit en proportions équivalentes entre le recours au réseau de chaleur urbain (lire ci-dessous) et la consommation d’électricité. ENSTA Bretagne est très impactée par l’inflation exponentielle des coûts de l’énergie, en particulier le prix de l’électricité. Un établissement public comme le nôtre ne bénéficie d’aucun bouclier tarifaire et voit sa facture d’électricité flamber. Nous venons de passer une commande de plus d’un million d’euro d’électricité pour 2023 à EDF, soit un budget multiplié par 5 en 2 ans, qui est principalement le fait de la hausse des prix, et dans une moindre mesure de la croissance de nos activités et consommations. »
Quelles sont les mesures prises pour réduire les consommations d’électricité ?
Laurent Guillou :
« Elles sont de deux ordres : des optimisations techniques d’une part et des rappels de "bons gestes" d’autres part.
Nous avons réduit les plages horaires d’éclairage extérieur en zone école tout en continuant de permettre l’accès aux salles informatiques jusqu’à minuit pour les étudiants. Dans les jardins de la résidence des élèves l’éclairage nocturne est également dorénavant éteint dès minuit et reprend à 6h30 le matin.
Des améliorations des process de refroidissement des serveurs informatiques de l'école et des machines hydrauliques utilisées au centre de recherche en mécanique permettent également de réduire nos consommations d’électricité et d’améliorer notre bilan carbone. Nous avons identifié de nouveaux seuils de refroidissement de ces équipements qui ne compromettent pas leur bon fonctionnement. Concrètement au centre d’essais en sciences mécaniques (laboratoire IRDL), l’objectif de refroidissement de l’huile des machines hydrauliques sur lesquelles sont testés différents types des matériaux et d’assemblages a été relevé de 35 à 40 degrés.
Sur le plan des "bons gestes" et de toutes les actions individuelles qui peuvent contribuer à réduire nos consommations d’énergie et améliorer notre bilan carbone, nous faisons régulièrement des rappels et des sensibilisations afin que tous les personnels et étudiants se mobilisent : éteindre les lumières des locaux collectifs, salles de cours et amphis, éteindre son PC le soir, penser à refermer les fenêtres... »
© ENSTA Bretagne / Julien Ogor, Studio Lambé
Comment l’ENSTA Bretagne peut-elle agir plus largement et durablement sur ses consommations d’énergie ?
Bruno Gruselle :
« Notre établissement a anticipé le sujet et engagé un plan de réduction de ses consommations. Sur le plan du chauffage, nous avons la chance que le campus soit raccordé au réseau de chaleur urbain de Brest métropole. Cette énergie est issue de l'incinération des déchets. Nous continuons également à déployer l'éclairage LED dans tout l'établissement, déjà équipé à 70%, qui a l’avantage de consommer 7 à 9 fois moins d'électricité que l’éclairage classique.
A moyen terme, un plan immobilier de grande ampleur vise à refaire l’isolation et améliorer les performances énergétiques de la dizaine de bâtiments les moins récents, en particulier toute la résidence des élèves. Cela représente un investissement de 11,4 millions d’euros de 2023 à 2027.
Nous sommes en outre tenus à une réduction de 60% d’ici 2050 et de 40% sur la quasi-totalité de notre périmètre d’activités d’ici 2030. Nous avons installé à cette fin de nombreux compteurs électriques pour tracer le plus finement possible nos consommations et identifier de nouvelles sources de réduction.
La recherche de réduction des consommations d’énergie s’inscrit dans une politique de long terme de responsabilité sociétale et environnementale d’ENSTA Bretagne. La mobilisation de l'école, des personnels et des élèves pour réduire l’empreinte environnementale du campus est inscrite au contrat stratégique quinquennal que l'établissement a signé avec son ministère de tutelle. Cela conduit à multiplier les initiatives, à se montrer plus vertueux sur le plan des mobilités, à initier de nouvelles formations et de nouveaux programmes de recherche. Le contexte inflationniste de cette rentrée contribue à accélérer le processus de changement engagé. »
Nos engagements
