ENSTA Bretagne : Expérience en mer d'hydrographe

David Vincentelli, directeur de la division opérations maritimes chez IxBlue et président de l’AFhy

14 septembre 2021
David est ingénieur hydrographe, diplômé de l'ENSTA Bretagne. Pendant les 6 premières années de sa carrière, il a exploré tous les métiers de l'hydrographe, embarqué ou sur le terrain.
Aujourd'hui, il dirige la direction de la division opérations maritimes au sein de l'entreprise française iXblue. Passionné par son métier, il préside également l'association francophone d'hydrographie.
David Vincentelli
Diplômé en 2006
Directeur de la division opérations maritimes chez IxBlue et président de l’AFhy

Vous êtes diplômé de l’ENSTA Bretagne en hydrographie, catégorie A. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce domaine ?

Depuis tout petit je suis passionné par les cartes et le domaine maritime représente pour moi, le dernier monde inconnu. Grâce aux satellites, on peut aujourd’hui visualiser la moindre parcelle sur Terre mais pour les océans, de nombreux espaces restent encore inexplorés.

Quand je suis arrivé à l’ENSTA Bretagne, j’avais donc déjà ce projet de devenir hydrographe. La première année généraliste a tout de même semée quelques doutes. Les systèmes embarqués m’attiraient aussi beaucoup mais quand, le responsable de la spécialité hydrographie a annoncé que ceux qui choisissait cette filière devait s’attendre à faire 180 jours de mer par an, cela m’a convaincu que cette aventure était faite pour moi.

Avez-vous profité de vos études pour commencer à explorer le monde ?

Oui, enfin surtout changer d’air et découvrir d’autres cultures. En 2e année, j’ai réalisé un stage au Mexique, en Basse Californie dans un laboratoire d’océanographie (étude des courants littoraux). Cela m’a permis de comprendre que ce n’était pas cette partie de la formation qui me plaisait le plus. J’en profite pour conseiller vivement aux étudiantes et étudiants de l’école, d’explorer ces 2 voies.

En dernière année, j’ai donc décidé de me concentrer sur l’hydrographie. Je suis parti dans l’entreprise Fugro à Abu Dhabi et j’ai ensuite eu la possibilité de débuter ma carrière avec eux.

Expérience d'hydrographe dans le Golfe persique

En quoi consistait votre premier poste d’hydrographe ?

J’ai eu la chance d’avoir un premier poste très ouvert et qui m’offrait, en tant que junior, un bon niveau d’autonomie.

Mes missions dans le Golfe Persique étaient très variées : travail de géomètre sur plateforme pétrolière, positionnement de puits de forage, levés hydrographiques pour garantir la sécurité de navigation, projets géophysiques multi capteurs…

Venant d’une école d’ingénieurs française, on ne m’a pas cantonné à un seul type de mission. J’ai vraiment été amené à réaliser des choses très différentes avec des responsabilités plus ou moins élevées. Je n’étais pas toujours à un niveau cadre, mais cela était très formateur. Cela permet de rester humble.

A Abu Dhabi mon univers professionnel était très multiculturel. Pour beaucoup d’entre nous, l’anglais n’était pas notre langue native. Cela donnait parfois lieu à des échanges cocasses mais cela m’a permis de progresser rapidement dans la langue.

Combien de temps avez-vous occupé ce poste ?

Pendant 2 ans ½ environ (3 ans en incluant mon stage) en alternant 2 mois en mer et 1 mois de repos chez moi à Nice. Ensuite, j’ai eu envie de donner un virage très hydrographique à mon expérience professionnelle. 

Vie d'hydrographe à bord

Où et dans quel contexte travailliez-vous pour ce second poste ?

Je suis resté dans l’entreprise Fugro mais j’ai rejoint son bureau Allemand basé à Brême. 

Ce bureau est spécialisé dans les levés hydrographiques avec 2 missions principales : la cartographie pure, pour les Etats, principalement via l’exploitation des données de sondeurs multifaisceaux et des projets multi-capteurs, liés aux routes de câbles sous-marins. Ces derniers étaient, pour l’essentiel, des câbles de télécommunications qui assurent le transport des données Internet notamment.

J’ai découvert l’Europe du Nord : la Norvège, la Suède et la Finlande notamment, ainsi que le Royaume Uni. Je suis également régulièrement allé en Afrique du Nord.

Pour ce poste où je suis resté 4 ans ½, j’ai encore gagné en autonomie et en responsabilité. Je pouvais être seul sur mon bateau avec un pilote ou en charge de missions plus complexes, ce qui signifiait l’encadrement des hydrographes et des cartographes à bord, le suivi du respect des exigences client et de normes de contrôle qualité.

Après plus de 6 années sur le terrain, j’ai eu envie de me poser un peu plus à terre. C’est le choix que font beaucoup d’hydrographes.

Témoignage de David Vincentelli, IXblue

Vous avez alors choisi de rejoindre l’entreprise IXblue ?

Ixblue recherchait un poste d’ingénieur d’affaires et mon expérience me permettait de bien comprendre les enjeux sur le terrain ainsi que les attentes des clients. J’ai donc été embauché en tant que «Business Developper» au sein de la division Opérations Maritimes.

Historiquement, l’entreprise conçoit et fabrique des centrales inertielles à fibre optique qui permettent de positionner un mobile de manière robuste dans un grand nombre d’environnement même les plus contraints depuis les satellites jusqu’aux sous-marins. L’entreprise intègre également ses produits dans des systèmes et les commercialise. Elle a récemment, par exemple, via sa division chantier naval, conçut et construit un navire entièrement équipé pour le DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines).

Mon poste consistait donc à aller à la rencontre des clients potentiels, dans leurs entreprises ou sur des salons, à leur présenter nos produits et à les convaincre de nous faire confiance.

A cette époque, vous avez également choisi de rejoindre l’Afhy ?

Oui, j’ai rejoint l’Afhy, l’association francophone d’hydrographie dont le siège est à l’ENSTA Bretagne pour y valoriser mon entreprise et l’industrie mais aussi et surtout car c’est un lieu d’échange et de promotion de l’expertise hydrographique francophone. L’association fait le lien entre industries, écoles, monde institutionnel et autres associations professionnelles. Depuis 2020, j’en suis le président. 

Comment avez-vous évolué au sein d’IXblue ?

En 2020, on m’a confié la direction de la division Opérations Maritimes d’Ixblue. Je travaille avec la direction du groupe sur les orientations de la division, et, pour soutenir son développement notamment dans l’application des solutions de prospection par moyens autonomes, ce qui implique de continuer mes échanges avec les prospects et clients.

Cela veut dire que je n’ai pas arrêté d’être mobile. Je voyage encore 70 à 90 jours par an en France et à l’international au titre de mes missions !